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L'édifice de notre siècle

Publié le par Jcpress

C'est extraordinaire cette capacité que nous avons à tout détruire, à tout démolir pour reconstruire différemment, alléguant comme argument, le changement en signe de progrès ; ainsi prend forme la rénovation des choses et des structures qui composent nos sociétés.

Toutes les villes connaissent cette mutation des ensembles qui les composent. Le béton a remplacé la pierre pour le bien de la protection de la matière originelle raréfiée au fil du temps, protégée pour la préservation de l'espèce ; le goudron a définitivement recouvert les rues et routes autrefois pavées par des ouvriers livrés à la pénibilité du travail manuel, tandis que les intérieurs des habitats se suffisent avec des matériaux préfabriqués dont la mise en place ne demande plus de savoir faire élaboré par des études spécifiques. Le monde change en adaptant son évolution aux matériaux les plus récents qui répondent à des performances en tout genre, allant de l'énergie à la rentabilité de leur fabrication, voire l'efficacité du produit. La recherche de la performance est alléguée comme référence aux constructions individuelles. Les appartements individuels, en effet, circonscrits en résidences privées sous surveillance par caméras, fleurissent dans les conurbation des villes répondant aux besoins de sécurité des citoyens en proie à la crainte d'agression, de vols et méfaits attentatoires à leurs biens et personnes ! De surcroît, une surveillance de proximité est assurée par les résidents eux-mêmes directement en relation avec les services de sécurité officiels, (police, gendarmerie et autre corps répondant à l'assermentation en vigueur), prompts à intervenir selon la signalétique. L'auto-surveillance a fini par créer une attitude de suspicion à l'encontre d'individus étrangers à la zone délimitée par ce mécanisme. Quel est l'intérêt de ce système, si ce n'est protéger les honnêtes gens de ceux qui ont des intentions malveillantes à leur égard !

Au regard d'une démographie exponentielle, toutefois, laquelle provoque une modification de nos infrastructures et accroît un ressentiment d'animosité à tout individu ne présentant pas les critères requis à une intégration à la norme, il ressort des rapports de plus en plus disparates entre des gens qui ont cependant les mêmes raisons de vivre ensemble, dans une communauté où la collectivité est fragmentée en groupuscules différents !

Les pouvoirs locaux, pris dans toute la hiérarchie sociopolitique de leur fonction, semblent, en fait, acculer à une impossibilité à contrôler ces grands ensembles que l'on conditionne pour une uniformisation globale de la société. Le but, on l'aura compris, est d’aseptiser les centres urbains dont les limites sont repoussées au-delà des cités dortoirs.

Préservés de ces modifications architecturales, les centres historiques, par contre, sont revalorisés afin de sauvegarder le patrimoine ancien qui témoigne des époques où l'art était dévolu à servir l'architecture dans ses constructions, estampillant ainsi l'histoire de sa culture.

Il est vrai, néanmoins, que la contemporanéité a perdu le sens de la mesure de l'homme face à sa destiné, effaçant le spirituel de tout ordre humaniste dans l'espace temporel de sa mansuétude économique...

Il faudra donc patienter jusqu'aux prochaines destructions de tout ce qui vient d'être érigé afin de prendre conscience des richesses à jamais perdues de notre propre histoire, antérieure à celle présentement vécue, en ce début du XXI° siècle.

Jean Canal. Janvier 2018.

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