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RECITS

Publié par Jcpress

RECITS

Le mois d'avril par ici ne présente aucune gratification quelconque qui réjouirait notre cœur. Maintenant, j'ai un véritable ami ! Quelqu'un qui ne me trahira jamais !

A peine avais-je terminé de lire les quelques pages qui me rapprochaient de la fin du roman que j'appréhendais de terminer, nostalgique déjà du récit de son auteur, que je relisais des pages précédentes pour m'en imprégner. Je les commentais en lui faisant mille recommandations ; en lui parlant presque comme pour lui dire ce qu'il aurait du faire en telle situation. Il s'était fort mal comporté avec sa compagne Jeanne qu'il avait voulu tromper avec une toute jeune-fille qui était la sœur de son ami. Jeanne avait pressenti le drame. Elle ne lui pardonna pas cet écart. Il en fut attristé, contrit même. Mais face à l'irréparable, Jeanne fut intransigeante. Il fallait se séparer ! Il me semble les voir tous les deux dans la chambre, couchés dans le même lit, distants l'un de l'autre. Pour me permettre de ne pas trop vite découvrir la fin de l'histoire, je ne lisais que cinq à dix pages par jour ou par nuit. C'est un auteur que j'avais découvert par hasard sur France Culture, la nuit, aux alentours de deux heures du matin, au cours d'une émission qui lui consacrait une biographie : "une vie une œuvre". Je dois vous avouer que je n'avais jamais entendu parler de cet auteur auparavant. Et chaque jour je pensais à lui, à sa vie et à son œuvre. Nos écritures non seulement se ressemblaient dans le fond, mais les sentiments dévolus à l'existence étaient étrangement similaires de telle sorte que je finirai par écrire exactement comme lui. d'ailleurs, j'avais écrit une Nouvelle qui raconte une anecdote banale, mais riche en apports psychologiques. L'idée m'était venu d'après sa façon de raconter les histoires. Evidemment, j'aurais voulu le rencontrer ; mais son époque est trop éloignée de la mienne pour que ce genre d'événement se produise. Dieu merci, la postérité l'a retenu ! Il a une place plus méritante que certains qui sont publiés parce qu'ils appartiennent à une notoriété littéraire. Lui, il avait traversé toutes les épreuves de la vie. Nous n'avons ni le son de sa voix, ni l'image animée de son être ; seules quelques photos nous le rappelle tel qu'il était. C'est à nous d'imaginer quelle personne il incarnait en lui-même. 6 avril 15

Nous sommes à l'aune du printemps. Je me trouve à Toulouse. Ici, l'inspiration ne fait point défaut. Elle foisonne et je suis obligé de me freiner dans mon écriture. C'est inimaginable, mais cette forme de phénomène m'avait déjà visité, à Saint-Martin de Ré durant des nuits interminables où l'écriture et moi ne fîmes qu'un ! Nous étions deux amants.

Oublions les caractéristiques conjoncturelles qui font d'une ville ce qu'elle est en train de devenir ; c'est-à-dire exactement le reflet de nos civilisations contemporaines. Nos valeurs en sont inprégnées ainsi que nos histoires. Notre mimétisme quotidien vient modifier ses structures en les adaptant au progrès invoqué par nos sempiternelles suppliques de possession matérialiste. Arrêtons-nous plutôt sur des aspects plus romanesques à tendance passéiste ; sans pour cela regretter avec nostalgie une époque. Ouvrons le langage à la première personne du singulier, comme le fait tout écrivain en dissimulant à travers ses personnages un peu de sa personnalité...

"En passant devant le père Léon, ce matin, j'aurais juré que ce café avait perdu de sa clientèle exceptionnellement constituée d'un brassage populaire et non populiste, quand les classes sociales se rencontraient autour d'une collation de circonstance ou de repas pris en commun. On est loin évidemment du restaurant chez Coste où j'allais et retourne toujours pour grignoter quelques plats lourdement garnis. On y mange les uns assis à côté des autres, en échangeant quelques conversations d'usage, dans un brouhaha assourdissant de sorte qu'il faut se rapprocher de son interlocuteur pour entendre ce qu'il essaie de vous dire. Les sourds s'abstenir ! J'avais mes cafés à moi, mes restaurants et mes lieux emblématiques où je me rendais moins qu'avant certes, parce que je ne retrouvais plus ces visages chers à mon cœur chez une population nouvelle, complètement étrangère à mes souvenirs ! Il me restait les endroits où il s'était déroulé des histoires personnelles partagées avec quelques relations dont certaines furent perdues par négligence et d'autres par manque de cordialité ! Je savais par un phénomène particulier qui se manifestait en moi, chaque fois que l'occasion se présentait comme étant une opportunité, que les souvenirs que j'avais préservés l'étaient également chez celles qui repasseraient là où nous vécûmes quelques belles années de notre existence. Eternellement, je songeais à toutes celles que j'avais aimées, souvent à leur insu et toujours avec sincérité ! Pour la plupart, elles étaient mariées ou bien vivaient en couple, divorcées avec des enfants. Je m'étais promis de ne plus les déranger, pour ne plus jamais revoir leur soyeux visage, mémorisés à jamais par ma pensée. Et je ne regrettais rien ! Même si la vie n'avait pas été tendre avec moi, moi j'avais fait toujours preuve d'amour et de tendresse envers celles que j'avais su aimer. Certes, moi, je ne me targué point d'en avoir eu des centaines... Les miennes d'amour ne dépassaient pas les années de mon âge. Loin s'en fallu d'ailleurs. On ne se mélange pas avec la première venue, chez moi ! On la considère d'abord avec contemplation ; le regard épousant ses formes et les yeux pénétrant au tréfonds d'elle-même. Et lorsque l'Amour advient ! C'est l'extase des être communiant pour le bonheur !"

Souvenir de Toulouse. Jean canal. 19 mars 2015.

Après-midi du samedi 28 février.

Dernier jour du mois. Le dimanche, j'ai rendez-vous avec l'amour; Son prénom nous vient de l'Orient : Hanan ! Elle est brune, plus grande que moi (à peine quelques milimètres). Elle me plaît ! Et c'est elle qui me veut. Cette jeune maman qui n'a pas trente ans est désireuse de me faire l'amour ! Croyez-vous que je vais plus longtemps résister à la tentation du bien..? Je ne vous raconterai rien à son sujet et aucune photo ne sera diffusée. Libre à vous de me croire. Puis la foi sauve celui qui croit ! Adieu, mon Amour !

En quittant Toulouse ce vendredi 27, alors que tout me retenait encore, je regrettais déjà ce court séjour. La dernière rencontre faite à brûle-pourpoint, me donnait l'occasion de m'y établir définitivement d'un point de vue professionnel en répondant à mes vœux de création culturelle. Je pourrais, effectivement, m'y rendre pour assurer le fonctionnement d'une librairie, en plein centre, où j'assumerai un service café à une clientèle sélectionnée sur le pas de la porte... J'y servirai des petites pâtisseries confectionnées par un authentique pâtissier et sur fond de musique classique versant dans le baroque, je conterai des histoires d'amour à toutes ces femmes qui éprouveraient le désir d'éfleurer quelques heures en ma compagnie... Je leur déposerai des baisers dans le cou, tout en les étreignant et en effleurant leurs seins, elles m'offriraient leurs lèvres... Je leur dirai : "je t'aime, ô mon Amour !"

C'était aujourd'hui, Samedi 21 février 2015.

J'ai passé une journée en compagnie d'une femme. Vous me direz que c'est banal et que cela vous arrive fréquemment, pour ne pas dire chaque jour avec votre compagne officielle... En ce qui me concerne, il y avait longtemps que je n'avais eu ce genre de relation. Elle ne me manque pas étant donné que j'ai vécu avec quatre compagnes attitrées durant suffisamment de temps (entre sept et quatre ans chacune selon l'humeur attribué à des spasmes hormonaux irréguliers) pour en avoir tiré une expérience féminine inoubliable ! Puis-je me risquer à dire que l'on ressort entièrement transformé de ces relations entrecoupées de solitude qui, heureusement, ressource l'être dépersonnalisé ? D'un point de vue général, les femmes ont énormément de points communs ; quand bien même se défendraient-elles du contraire en insistant sur leur singularité personnelle. Principe féminin relevant de leur sexualité dominante...insubordonnée par nature !

"je ne suis pas les femmes, mais moi !"

Une des quatre me l'avait rappelé véhémentement. J'avais souri en réalisant que les paramètres qui les distinguent convergent vers leur entité individuelle ! Il n' y avait rien à leur reprocher et ceux qui leur trouvaient des défauts ( les machos frustrés) ne se voyaient pas eux-mêmes ! Puis nous savons qu'il existe un très vieux contentieux entre les femmes et les hommes ; sans doute est-il lié à la relation opposée qui les maintient dans un duel continu de souveraineté ! Il ne s'agit pas de violence, mais de domination : lequel des deux veut être le maître de l'autre ?! La sexualité est le sujet que l'on tait de crainte de remise en cause de sa pratique ! Et les hommes à prendre au sens universel, sont loin de répondre aux désirs de nos chères femmes. Leur voeux qu'elles n'osent exprimer : être aimées ! Et saisissant l'occasion, je demanderai pardon à celles que j'ai aimées insuffisamment, de manière platonique ; les citant dans l'ordre décroissant des sentiments que j'avais pour elles : Ingride, Marianne, Emilie (ma Muse éternelle). Pardon encore pour vous avoir délaissées et abandonnées dans le lit des autres où, j'en suis certain, vous vous ennuyez atrocement...

Bref ! J'ai découvert cette femme qui ne m'attendait pas et à laquelle je ne songeais plus ; ayant fait de cette solitude, une compagne fidèle, toujours à mes côtés. Elle est singulière et ne revendique aucune suprématie féminine sur l'homme intact que je suis resté, d'après cette journée unique que j'ai passée.

Néanmoins, je ne me souviens guère avoir recouvré les sensations que j'avais éprouvées avec une femme mariée officiellement, il y a de cela déjà une vingtaine d'années. Nous étions, et je crois que elle également ressentait cela, amoureux l'un de l'autre de telle sorte que lorsque le téléphone sonnait (il n'y avait point de mobile) je savais que c'était Elle.

"Mon Amour ! " répondis-je au bout du fil dans une voix émotionnelle surchargée de sensualité. Et nous nous voyions, comme tous ces couples qui se cachent pour s'aimer. Son mari avait pressenti un changement dans leur couple ; il subodora le pire, mais ne put jamais démontrer l'existence de notre relation. Les femmes dans ce genre d'aventure sont hélas fort maladroites pour celui qui perçoit que quelque chose change soudainement dans une relation rôdée. Elles sont subjuguées par l'ivresse que leur nouvelle aventure prodigue et, envahies de plaisir redécouverts, elles adoptent une attitude sortie du naturel quotidien ; et les maris, époux ou bien autres compagnons de tout acabit, se lamentent en soupçonnant une tromperie ! C'est alors qu'elles vont défendre moyennant une rhétorique incontestée leur fidélité à celui avec qui elles vivent chaque jour depuis des années, en famille... Elles sont, sur ce point, exceptionnelles. J'ai eu la chance de réchapper à une cocufaction en bonne et due forme ; puisque, à chaque fin de cycle amoureux, nous nous sommes séparées à l'aube de la rupture !

"C'est fini !, Jean", me dit un jour Marie, entrée dans une lassitude réciproque. Et vous savez quel était le grief ? Mon amour incommensurable pour moi-même ! Elle était jalouse de moi et mon égo.

Il est d'ailleurs facile de déceler les premiers instants du conflit qui couve en perspective : balbutiement caractéristique qui détermine la fin de ce beau commencement sentimental, autrefois couronné d'amour, aujourd'hui décliné aux conjugaisons du passé : je t'aimais, je t'ai aimé, je t'aimai, je t'eusses aimé, je t'aurais aimé ! Bref ! La cruauté s'infiltre dans le coeur dont le rytme faiblit un peu plus chaque jour... La lassitude de la vie, une routine oiseuse, des relations usées, des rapports sexuels schématisés à tel point que les sensations premières se sont dissoutent, définitivement dissolvées dans un anonymat cruel entre les deux parties devenant désormais étrangères entre elles ! La Femme, sujet mémoriable de la nature, érigée en modèle de mère, la femme s'ennuie... Une simple formalité civique en quelque sorte qui prend le relais à des années d'étreinte ! Etc. etc. La rupture souvent précède l'abandon qui s'ensuit. Les femmes sortent presque toujours intactes de ces histoires qu'elles classent parmi leurs nombreuses aventures légères ; c'est leur constitution qui les protège des affres sentimentales ! Et elles sont, de très loin, à ce titre, des êtres plus interressants que les hommes, ô curieuses créatures ! Lesquels se regardent les couilles en permanence en espérant que leur prochaine érection sera plus performante que la précédente ! Certains recours, et je ne les nommerai point, à des artifices pour améliorer leur capacité sexuelle ! Ils en oublient les préliminaires en amour qui finissent par passer au second rang, renvoyés aux calendes grecques ! Préceptes indispensables pour entretenir la passion qui unit le couple dans la fusion des sentiments inoubliables... Fleurs offertes à la dérobé, billets d'amour rédigés à la plume, baisers déposés dans le coup, etc. etc. jusqu'à l'instant enflammé de l'union charnelle !

"Amour ! Viens en Moi !"

Laissant ainsi les femmes sur une fin ou une faim ; loin du Happy end encencé par le cinéma à l'eau de rose...

Au fait, si cela peut vous éclairer... J'ai rendez-vous avec Elle, la semaine prochaine. Elle a deux enfants et Elle est jeune...

2 Heures 18 Minutes du matin. 22/02/2015.

à suivre....

Sur les routes du Sud.

"Puis, au bout de mon regard, apparut la mer, agitée sous le vent du soir qui caressait les vagues et les jetait sur le sable. Le soleil scintillait encore au-dessus de l'eau. Ses rais distendus vers l'horizon, avaient halé mon visage, durant les kilomètres parcourus dans le courant de l'après-midi. La lumière était alors entière sur le littoral où je me trouvais maintenant. Je me dirigeais alors vers le port pour avaler un jus de fruit en terrasse, terminant les quelques chapitre du livre que je lisais. Le soleil descendait au loin, se dissimulant derrière un monceau de nuages accumulés dans un coin de ciel encore bleu. La houle immobilisait définitivement les vagues qui cessèrent immédiatement leur ressac sur la plage. Je rentrais là où j'étais attendu pour un repas du soir. J'aurais donc parcouru à peine huit cents kilomètres en quatre jours pour donner au temps une raison d'exister dans ma mémoire. Les paysages que j'avais traversés avaient subi de profondes modifications structurales ; les vignes, oliviers et amandiers avaient été arrachées pour laisser place à des constructions de villas accolées les unes aux autres qui faisaient songer à une HLM allongée ! Les gens étaient heureux ainsi, persuadés d'être propriétaires de quelque bien qui ne leur appartenait toujours pas ; puisque hypothéqués dès l'acte notarial signé ! Les implantations d'éoliennes que je percevais au loin, défiguraient les terres agricoles ! Don Quichotte ne se serait point trompé en voyant ces gigantesque moulins à vent ! Les réseaux routiers qui s'étaient multipliés, saturaient un espace urbain à jamais défiguré ! La France était devenue un immense modèle du progrès auquel elle s'était conformée sans tenir compte des valeurs historiques de son patrimoine architectural déjà fort endommagé par les guerres ! Au nom du simple profit de chacun, ce pays autrefois beau, ressemblait à un grand ensemble de villes identiques, aménagées par des pôles commerciaux situés à leurs entrées et sorties. Ce progrès répondait à des exigences économiques d'intérêts individuels de quelques uns entièrement indifférents aux valeurs nationales ! Toutes ses régions se livraient à une compétitivité pour s'érigeaient les unes au-dessus des autres afin de se prouver leur capacité de s'inscrire singulièrement dans la modernité ! Assurément, je n'avais jamais fait parti de cette société ! Je la vomissais !

"Il me fallait aller voir Béziers, la ville passée à droite de l'extrême, en douceur, avec le consentement tacite de la population qui se plaignait, ici, où je me trouve, de la violence nocturne... Les policiers de la municipale se déplacent à quatre en VTT dans la ville ancienne. Des voitures de police font des rondes de routine, histoire de faire montre de l'autorité politique de la ville. Les quelques déracinés du colonialisme français, issus de l'Algérie, avec lesquels je me suis entretenu, me confirment que la ville est tranquille dans son ensemble. Ils évoquent le temps où la France était un pain béni pour eux qui gagnaient péniblement leur vie et pouvaient envoyer de l'argent au bled !

-"Je suis ici depuis 1954. Mon père était venu pour travailler. Il faisait froid et nous étions logés chez des amis algériens."

Les terrasses des cafés vivent des rares consommateurs à majorité constituées de fils et petits fils de ces étrangers que la France fit venir, déracina pour reconstruire le pays et contribuer au développement du pays ! C'est Renault qui employa le plus de ces gens qui aujourd'hui sont aussi dépassés par les événements !

Des femmes en foulard déambulent dans la ville nonchalamment, sans provocation, ne semblant pas faire l'objet d'atteinte portée à leur encontre pour leur conviction légitime d'une religion qui sombre dans la terreur. Leur culture se fond dans le fluide biterrois. De même de jolies jeunes femmes se baladent les cheveux au vent, vêtues de confections à la mode d'hiver ; parce que, ici, le froid est toujours présent pour nous rappeler que le printemps 2015 ne ressemblera pas à celui du Printemps arabe...

-"J'ai connu la blouse à l'école primaire et la plume Sergent Major, continue mon interlocuteur rencontré sur le pavé. Mon père avait fait la guerre de 39/45 et mon grand-père avait été enrôlé pour celle de 14/18."

Je lui serre une poignée de main fraternelle, en touchant mon cœur pour lui transmettre la paix !

De travail ! Il n'y a pas ! Il n'y a plus ! Je ressens tout de même une pesante atmosphère qui plane dans la rue. Les gens se regardent avec suspicion, comme si chacun était l'agent de quelques idéologies extrémistes quelconques : FN/DJIAD ! Même combat !" Béziers. Jean Canal. 17/02/2015.

Sur les routes du Sud.

"Puis, au bout de mon regard, apparut la mer, agitée sous le vent du soir qui caressait les vagues et les jetait sur le sable. Le soleil scintillait encore au-dessus de l'eau. Ses rais distendus vers l'horizon, avaient halé mon visage, durant les kilomètres parcourus dans le courant de l'après-midi. La lumière était alors entière sur le littoral où je me trouvais maintenant. Je me dirigeais alors vers le port pour avaler un jus de fruit en terrasse, terminant les quelques chapitre du livre que je lisais. Le soleil descendait au loin, se dissimulant derrière un monceau de nuages accumulés dans un coin de ciel encore bleu. La houle immobilisait définitivement les vagues qui cessèrent immédiatement leur ressac sur la plage. Je rentrais là où j'étais attendu pour un repas du soir. J'aurais donc parcouru à peine huit cents kilomètres en quatre jours pour donner au temps une raison d'exister dans ma mémoire. Les paysages que j'avais traversés avaient subi de profondes modifications structurales ; les vignes, oliviers et amandiers avaient été arrachées pour laisser place à des constructions de villas accolées les unes aux autres qui faisaient songer à une HLM allongée ! Les gens étaient heureux ainsi, persuadés d'être propriétaires de quelque bien qui ne leur appartenait toujours pas ; puisque hypothéqués dès l'acte notarial signé ! Les implantations d'éoliennes que je percevais au loin, défiguraient les terres agricoles ! Don Quichotte ne se serait point trompé en voyant ces gigantesque moulins à vent ! Les réseaux routiers qui s'étaient multipliés, saturaient un espace urbain à jamais défiguré ! La France était devenue un immense modèle du progrès auquel elle s'était conformée sans tenir compte des valeurs historiques de son patrimoine architectural déjà fort endommagé par les guerres ! Au nom du simple profit de chacun, ce pays autrefois beau, ressemblait à un grand ensemble de villes identiques, aménagées par des pôles commerciaux situés à leurs entrées et sorties. Ce progrès répondait à des exigences économiques d'intérêts individuels de quelques uns entièrement indifférents aux valeurs nationales ! Toutes ses régions se livraient à une compétitivité pour s'érigeaient les unes au-dessus des autres afin de se prouver leur capacité de s'inscrire singulièrement dans la modernité ! Assurément, je n'avais jamais fait parti de cette société ! Je la vomissais !

"Il me fallait aller voir Béziers, la ville passée à droite de l'extrême, en douceur, avec le consentement tacite de la population qui se plaignait, ici, où je me trouve, de la violence nocturne... Les policiers de la municipale se déplacent à quatre en VTT dans la ville ancienne. Des voitures de police font des rondes de routine, histoire de faire montre de l'autorité politique de la ville. Les quelques déracinés du colonialisme français, issus de l'Algérie, avec lesquels je me suis entretenu, me confirment que la ville est tranquille dans son ensemble. Ils évoquent le temps où la France était un pain béni pour eux qui gagnaient péniblement leur vie et pouvaient envoyer de l'argent au bled !

-"Je suis ici depuis 1954. Mon père était venu pour travailler. Il faisait froid et nous étions logés chez des amis algériens."

Les terrasses des cafés vivent des rares consommateurs à majorité constituées de fils et petits fils de ces étrangers que la France fit venir, déracina pour reconstruire le pays et contribuer au développement du pays ! C'est Renault qui employa le plus de ces gens qui aujourd'hui sont aussi dépassés par les événements !

Des femmes en foulard déambulent dans la ville nonchalamment, sans provocation, ne semblant pas faire l'objet d'atteinte portée à leur encontre pour leur conviction légitime d'une religion qui sombre dans la terreur. Leur culture se fond dans le fluide biterrois. De même de jolies jeunes femmes se baladent les cheveux au vent, vêtues de confections à la mode d'hiver ; parce que, ici, le froid est toujours présent pour nous rappeler que le printemps 2015 ne ressemblera pas à celui du Printemps arabe...

-"J'ai connu la blouse à l'école primaire et la plume Sergent Major, continue mon interlocuteur rencontré sur le pavé. Mon père avait fait la guerre de 39/45 et mon grand-père avait été enrôlé pour celle de 14/18."

Je lui serre une poignée de main fraternelle, en touchant mon cœur pour lui transmettre la paix !

De travail ! Il n'y a pas ! Il n'y a plus ! Je ressens tout de même une pesante atmosphère qui plane dans la rue. Les gens se regardent avec suspicion, comme si chacun était l'agent de quelques idéologies extrémistes quelconques : FN/DJIAD ! Même combat !" Béziers. Jean Canal. 17/02/2015.