Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

On n'est pas sérieuse quand on a dix sept ans.

Photo de Jean Canal, après dix-sept ans.

 

file_a_39.jpg« On n'est pas très sérieuse quand on a dix-sept ans... »

s'était-elle dit, en songeant à Arthur Rimbaud dont elle avait intentionnellement retenu que ce vers, en accordant l'adjectif au féminin.

« Lui non plus, il n'est pas sérieux », pensa-t-elle, en songeant à cette nuit passée avec lui, alors qu'elle ne s'attendait pas à ce qui lui était arrivée. Elle revit soudainement cette scène vécue ensemble, en se parlant à elle-même :

« A dix-sept ans, c'est vrai, on rêve d'instants qui nous arracheraient à l'atmosphère familiale, lourde, pesante et envahissante, nous privant de l'émancipation amoureuse tant rêvée, durant nos phantasmes nocturnes. A dix-sept ans, n'étant déjà plus une enfant, mais une adolescente confirmée prête pour des expériences amoureuses plus élaborées, j'aspire à m'émanciper hors de la sphère familiale ; et cela, les adultes ne le voient pas et refusent de l'admettre, à part lui... Lui, quoique on en dise, Lui, il sait ! Il sait tout ! Tout ce que, à cet âge, on désirerait vivre... avec Lui, bien sûr ! Et puis, lui, il ne ressemble à aucun autre ; comme fait exprès, il est d'une maladresse incroyable... mais... c'est tellement original que on ne voudrait pour rien au monde qu'il changeât ; d'ailleurs, même s'il le voulait, il ne le pourrait pas ! C'est naturel ! C'est ce qui fait la différence avec les autres qui s'efforcent d'adopter des attitudes qui très vite redeviennent normales, à en mourir !!! C'est pour cela qu'avec lui c'est très, très différent... La vie est vue au grand angle, perçues avec des dimensions métaphysiques qui échappent à la plupart d'entre nous, surtout les filles qu'il connait plus que lui-même. Et lui, lorsque nous lui offrons notre trésor caché..., lui, il nous apprend à regarder, à voir, à écouter et à sentir ; il nous fait découvrir la face merveilleuse de l'Amour qu'il distille au compte goutte, comme pour nous inciter à ne point dilapider cette richesse... Car il sait que tout est éphémère, surtout ces instants d'extase... Alors, quand, seule dans des moments de frémissements intenses où j'ai envie de lui, quand mon corps s'embrase et m'arrache au sommeil perturbant mes nuits, ma main parcours de la phalange du majeur, en mouvements circulaires, cet endroit intime que je ne peux nommer. Ainsi livrée aux instants frénétiques de la jouissance, je sens sa présence, et le sens dégageant délicatement ma main de cette flore encore intacte pour venir y poser, immédiatement, ses lèvres. Là, reproduisant l'acte sensuel qui me faisait, il y a à peine quelques instants, frémir en solitaire, je le sens à nouveau pénétrer en moi, dans tout mon corps, livré à sa volonté de me posséder. Tout son être est entré en moi, au profond de mes entrailles. Le laissant organiser les préceptes de l'amour, je lui donne tout mon corps livrés à ses caprices, puisque c'est moi qui le désire ainsi... Et chaque fois, j'éprouve cette sensation toujours nouvelle du plaisir déjà éphémère... continuellement recommencé. Et, désormais, chaque fois que je suis seule, dans mon lit chahuté, humide et mouillé, il me suffit de me le représenter, pour qu'il soit à mes côtés, comme pour la première fois, quand, de sa main, il avait relevé mon sein pour le porter jusqu'à ses lèvres, avant de les faire glisser jusqu'à l'entrejambe de mon corps où il s'attarde infiniment, en les posant sur les miennes intimes... » Mon corps alors se cambre. Je me redresse spontanément. Je lui fourrage la chevelure, attirant sa bouche vers mon visage où, après un baiser passionnel, mes yeux lui implorent de n'aimer que moi, pour l'éternité, en lui intimant de ne pas cesser ce plaisir que je ne maitrise déjà plus. Et lui, en une espèce d'incantation, il me déclame une sorte d'alexandrin poétique :

"C'est de là que je viens,  c'est là que je demeure !"