L'errance.
Photo Serge Cantié, 1993. Lauragais. "Retour d'exil..." Le bureau du Poëte. En médaillon, sur le mur, la grand'mère ariégeoise du Poète, Marie, Marguerite Claustres.
L'errance.
C'est une forme éthérée de la déambulation personnelle qui s'exprime par une propension à une constante émancipation de l'être. Je vérifiais le comportement des individus en mouvement autour de moi, enfermés dans les strates de la société où ils ne cherchaient pas à s'en échapper. Obnubilés par on ne savait trop quoi, ils suivaient un itinéraire linéaire qui sillonnait tout au long de leur existence. Moi, je refusais ce monde-ci ; comme étant une atteinte portée à ma propre liberté individuelle. Je me rendais compte ainsi, comme me le soulignait ma dernière Maîtresse, dont je vous révélerait le prénom, Marie !, je me rendis compte, dis-je, que je n'étais pas fait pour vivre avec quelqu'un et que la vie de couple, fût-elle extraordinairement élaborée sur des schémas d'amour et de sentiments, appartenait aux mortels communs auxquels je n'avais pratiquement rien à dire ! C'est cette différence, d'ailleurs, qui faisait que nous nous distensions de sorte à se perdre définitivement de vue, se tenant, en fait, très loin, les uns des autres ! J'aspirais à côtoyer l'insoluble ; à n'aimer que quelques frêles créatures qui m'eussent été dévouées et dont je garderai éternellement le souvenir nourri au fil du temps ! J'avais toujours été fidèle aux femmes et aux filles auxquelles j'avais déclaré mon amour. Le temps en était la preuve ; puisque quelques années plus tard, je leur consacrais de longues pages d'écriture... 21 avril 2013, à Toulouse.
"Il est des instants, sans doute plus précieux que d'autres qui soulèvent en nous une envie de dispenser tout l'Amour préservé jusque là pour un coeur endormi ; des longs et doux moments à partager avec une âme soeur qui ressentirait des sensations analogues à celles qui nous poussent à se diriger vers Elle !" Extrait du Roman (40 pages) que je suis en train d'écrire depuis un an. Le titre, comme toujours, puisque je n'ai pratiquement confiance en personne, même ceux qui se persuadent du contraire..., le titre, dis-je, vous est tenu secret jusqu'à sa sortie...
Sur ces entrefaites que j'interprétais comme étant les signes ostentatoires de mon existence, je repris la lecture du roman que j'avais abandonné depuis plusieurs mois, pour en revivre quelques passages illustrant cette rencontre nouvelle. Je sais désormais quels sont ces attraits qui me firent perdre la tête, ce matin-ci, quand mon regard se posa sur le sien ; je connais les sensations qui nous unies. Une rencontre fortuite que je n'attendais plus, une espèce de venue d'ailleurs qui semble hors du commun, parmi toutes celles qui se ressemblent tellement et n'ont rien, hélas ! pour elles, rien, mais véritablement rien d'original, si ce n'est d'être des femmes !
J'ai fait, donc, aujourd'hui même de ce 8 avril de l'an XIII, une rencontre étonnante d'une jeune femme très jolie et qui me plaît. j'étais allé à Salies du Salat pour prendre un café, en compagnie de mon chauffeur attitré. Le café bu, je me rendis chez une fille que je connaissais de longue date laquelle se trouvait seule assise derrière sa table de travail en train de déguster un thé :
"Jean ! si tu veux une tasse, va dans la cuisine et sers-toi."
J'exécutais ses recommandations, après lui avoir baisé les joues en signe de salutation. Nous parlâmes de choses et d'autres, quand une femme aux cheveux roux entra et nous salua, d'un bonjour fort courtois. Elle s'adjoignit à notre entrevue qui fut au bout d'un moment interrompue à nouveau par l'entrée feutrée de celle que je me mis à aimer, aussitôt, le seuil de la porte franchi. Ce sont ces yeux et non sa chevelure dont j'ai oublié la couleur ; ses yeux, dis-je, qui retinrent mon regard accroché au sien ! Je lui parlais, essayant d'attirer l'attention sur moi, comme pour qu'elle me trouvât à son goût ! j'étais suspendu à son joli minois qui n'avait cesse de briller de mille feux d'éclats, égarant mes pensées en des situations favorables à nous deux ! -je l'ai intensément rêvée cette nuit-ci... Il en faut peu pour être amoureux !
Ce n'est qu'une fois rentré chez moi que j'appelais celle que j'étais venu voir pour qu'elle me donnât de plus amples détails sur cette créature...
"Elle cherche à louer ! Elle est seule ! C'est une gentille personne, Jean..., me dit-elle, comme pour laisser augurer que c'est peut-être Elle la vraie Muse que j'attends........................................"
Lundi 15, j'ai donc rendez-vous avec ma destinée. Je prendrai femme, si Elle veut de moi ; sans hésiter, je lui dirai oui ! Oui à Toi ! oui à Nous ! Et non à moi !
Et si le destin n'est pas au rendez-vous, je ferai en sorte de l'interpeler pour lui formuler cette dernière supplique adressée à l'Amour ! Me dirait-elle non que je m'entéterai à la revoir, jusqu'à ce qu'elle me dît : "non ! je ne t'aime pas !" Et là, le coeur triste et l'esprit apaisé, je reviendrai dans les bras de Odessa !
Et il est aussi vrai, chère lectrice et très chère amie de mon cœur, de dire et donc de l'écrire que les choses de la vie révèlent les êtres à eux-mêmes, sans qu'ils s'en aperçussent parfois, et toujours avec un émerveillement pantois ! Au matin du 1er avril de la présente année, je m'étais levé de très bonne heure, comme d'habitude d'ailleurs, puisque au cours de la nuit qui avait précédée cet instant où l'aube m'apparaissait, j'avais dormi seul ; sans regretter de ne pas l'être, cependant ! La solitude, je connaissais, plus que quiconque m'en eût fait une plaidoirie en défaveur du délit de souffrance qu'elle suscitait encore chez ces femmes abandonnées et dont j'avais la prétention de m'occuper ; moi, la solitude me nourrissait ! J'en tirai un immense profit pour l'écriture avec laquelle je couchais chaque nuit, sans infidélité ; même quand je n'étais pas seul et qu'une amante de passage partageait quelques heures d'amour, l'écriture, elle, me réveillait tandis que la belle dormait encore. Alors, aussitôt, je me mettais au labeur, comme je le fais incontinent, ce matin encore froid de printemps. Vain serait de partir à la recherche intellectuelle, afin de rencontrer une inspiration, en un voyage intérieur, ou bien dans l'espoir de trouver un thème, voire un sujet de rédaction. Il y eut toujours pléthore en ce domaine, chez moi, depuis ma plus tendre enfance quand les femmes m'entouraient... (j'avais grandi, entre les jambes et les seins de filles et de femmes attentionnées qui avaient formé l'entourage de mon enfance.) D'ailleurs, plus j'écrivais et moins les histoires futiles d'autrefois, rédigées à la hâte, m'incitaient à exploiter les instants forts qu'elles me faisaient vivre ! Je recherchais, désormais, l'excellence ; ce qui en soit traduisait une obligation de répondre aux lecteurs de façon à leur donner une littérature épurée, sans fioriture, issue des profondeurs de mes entrailles, là où l'âme l'eût déposée intentionnellement pour ma postérité ! Sans en avoir véritablement conscience, je me rapprochais de la première forme de style que je pratiquais lors de l'écriture romanesque de "L'Extrême onction"*, un roman primesautier, composé en 1990. Car je l'avais toujours su, par des révélations qui avaient ponctué mon existence, des signes du destin et les rencontres étranges que l'opportunité mit sur mon chemin : la postérité ne m'oublierait pas ! Merci la vie ! *"Histoires et Récits." Revu et corrigé, augmenté le 3 avril 2013. Jean Canal.
Que fait Jean Canal, lorsqu'il s'absente plusieurs jours ?
Du Baby setting !
25 mars.
Selon la philosophie de Aristote, je vérifiais avec précision l'application que je faisais de sa théorie sur la mémoire. En me rendant au supermarché du lundi, je cherchais inconsciemment la jolie blonde que j'avais rencontrée, il y a déjà plus d'un mois.
A défaut de l'apercevoir, tout en la regrettant, je me rendis en un endroit que je tiendrai secret, hélas pour vous.
Là, assis, maître des lieux qui désormais m'appartenaient, je refaisais la vie ; la mienne en l'occurrence ! La repensant jusqu'au plus profond de ses abîmes... J'étais obligé d'admettre au demeurant de concevoir que la vision que je lui portais était celle d'un idéaliste ! Rien de concret, de fiable était issu de mon idéal : tout avait été construit sur du sable livré au vent, comme un château magnifiquement érigé durant des decennies et qui disparaitraît sans laisser de trace... telle avait été ma vie ! Fin.
Aujourd'hui 24 mars.
Hier, samedi, tandis que je flânais au marché de Saint-Girons, je me rendis à un rendez-vous sur la rive du Salat, à l'embrachement de la passerelle côté rive droite. Béatrice arriva :
"Tu ne devineras jamais qui nous avons vu ?, dit-elle, très énigmatique..."
bien que je me doutais de la rencontre, je fis mine de ne pas savoir.
"Nous l'avons vue : ta belle d'autrefois. Et je peux te dire qu'elle a beaucoup changé : maigrie, les yeux fatigués cerclés de cernes et quelque peu vieillie. Elle n'a plus ses cheveux noir effilés. Quand je lui ai dit que nous avions rendez-vous, elle a tout de suite compris que c'était avec toi... Elle t'a senti, mon cher ! Elle voulait aller prendre un verre... avec nous : je lui ai dit non !"
(Les femmes sont cruelles entre elles..!)
C'est à cet instant que j'ai compris qu'il ne fallait rien regretter et qu'il était vain de courir après le passé. L'essentiel repose sur les sentiments que l'on éprouve pour un être ; et là, j'ai toujours été sincère, mais jamais compris ; tant pis pour moi et toutes celles qui n'ont pas persévéré...
C'est bon d'être honnête avec soi-même et de se dire tout en lui révèlant aussi ce qu'elle ne soupçonnait pas :
"je t'ai réellement aimée, idiote !"
A l'époque de notre amour, Elle avait intentionnellement modifié sa coiffure pour me plaire (c'est fou ce que les femmes peuvent faire pour attirer les hommes afin de se les garder...) Et elle me plut ainsi. Pour l'amour, le sexe, nous étions réglés sur les mêmes paramètres, dépassant, dans nos ébats, le chiffre soixante-neuf... Je la réveillais, vers trois heures du matin (c'est l'heure où j'allais écrire), couvrant entièrement son corps de baisers et m'arrêtant longuement à l'entrecuisse pour ensuite la pénétrer... par côté. Elle se réveillait alors et m'embrassait longuement... puis nous changions de positions... comme tous les couples... même ceux qui ne se supportent plus... même ceux qui n'ont pas le choix que de coucher ensemble...
Ensuite, voulant rester seul, comme Béatrice me proposait de les suivre au restaurant, quand bien même me l'eût elle offert, je me rendis sur la tombe du petit de ma grang'mère, le premier enfant qu'elle eut avec son bel amour... Son grand Amour !
lui aussi mort à la guerre !
C'était une manière à moi de renouer avec ce passé qui se promenait dans ma tête... Je m'asseyais toujours sur la pierre que j'avais faite gravée. Elle m'avait coûté 850 euros !
Somme à sortir pour éviter que la sépulture soit revendue !
J'étais pourtant fauché comme les blés ; j'avais contracté un crédit sur le net, comme tous ces abrutis qui s'endettent pour des conneries. Mais moi, c'était pour Marguerite que je le fis,
même si je devais manger des clopinettes...
C'est pour cette raison que nous ne nous ressemblons pas, vous et moi ! il y a entre nous la culture et les valeurs... Et je crois réellement que nous n'avons rien à nous dire... Plus je vous regarde vivre, plus vous me faites pitiés !
Marguerite était heureuse que je sauve la tombe de son enfant : celui de l'Amour ; car, l'Amour, Moi, je connais ; mais vous, vous n'en connaissez que le superficiel : c'est évident !
Adieu !
Je ne vous aime pas et ne vous aimerai jamais..!
Aujourd'hui, 23 mars.
Celle que je vis attablée au café où je me rendis, ressemblait à celle que j'avais aimée ; mais avec cette particularité que celle qui était assise, à quelques tables de là où nous avions pris place, (car je n'étais pas seul puisque aimant la compagnie des femmes, j'avais sollicité une belle de se joindre à moi), était plus jolie que celle que je n'aimais plus, maintenant.
En regardant cette jeune-femme ; je compris que je ne regrettais pas d'avoir perdu celle que je n'aimais déjà plus !
Je songeais toujours à Odessa !
D'ailleurs comment oublier cette étrange créature...
Odessa, mon Amour.
La nuit que j'avais passée, seul dans mon lit fait de matelats de laine, de duvets de plumes d'oies et de draps de coton, me fut douce, comme il y avait longtemps que je n'en avais connu.
J'étais comblé et repu de cet amour.
On eût dit un nourrisson qui après la tétée se rendort apaisé.
Les seins de la Muse m'avaient nourri
de telle sorte que j'avais assouvi mes désirs...
Je ne désirai pas de femme d'aussitôt.
Et je passais une journée en campagne à rêver le Printemps.
Pour le premier jour du Printemps,
Une Muse est venue s'éclore chez le Poëte.
Ô Muse ! allonge ton corps sur le mien,
Le temps d'une romance sans parole.
21 mars 2013.
Je ressortis alors un courrier ancien adressé à une jeune-femme que j'avais courtisée et aimée.
Je l'avais cueillie au café public,
où se posent quelques belles en quête d'amour.
C'était le premier jour du Printemps.
A Odessa.
Les larmes me vinrent alors,
Comme par émotion soudaine.
Par flots continus, elles ruisselaient sur mon visage ;
Elles s'étendaient en trombe d'eau ;
Se déversant jusques aux lèvres,
Obscurssissant mes yeux trempés de pluie.
Il pleuvait !
La pluie tombait sur le pavé toulousain.
Les souvenirs venaient d'écorcher mes pensées.
Je m'arrêtais au café des thermes, tôt. Il était à peine l'heure de l'ouverture. Le garçon de café qui travaillait-là depuis deux jours seulement était pris de cours sur l'horaire. Les tables étaient renversées les unes sur les autres pour faciliter le passage de la serpillère poussée par son balai. La jeune buraliste d'à côté semblait lassée de répéter les mêmes mots de politesse aux clients qui s'afféraient déjà devant son comptoir.
"Une Camel souple et un papier Riz-La-Croix, s'il vous plaît," dis-je, avant de m'attabler pour boire ma noisette. Tout le monde savait que je ne fumais pas et que l'on ne roulait pas des camels avec des feuilles achetées en complément. Il y avait là une espèce de contextualité métaphorique qui laissait présager chez l'employée de tabac une suspicion à mon encontre formulée dans mes pensées sous l'aspect suivant :
"et vous allez faire quoi avec ces feuilles ?!"
Bref ! J'aurais répondu que c'était pour celle qui était restée endormie dans le lit que j'avais occupé toute la nuit. Elle n'était pas toxico ; mais smokait le joint ! Elle enfumait la pièce exigüe qui se situait sous les toits des mansardes toulousaines. Deux fenêtres de toit s'ouvraient sur le haut de la ville ; on voyait, de la haut, le Canal du Midi qui coulait sous le pont de l'avenue de la Gloire. Je connaissais très bien cet endroit. Quand j'étais étudiant en Lettres Classique, à l'Université du Mirail, je remontais, presque chaque soir, la rue de la Colombette, m'arrêtant aux thermes pour prendre une bière en compagnie de mes amies étudiantes qui habitaient à proximité. Ensuite, après une collation conviviale, chacun regagnait ses pénates et quelquefois en sollicitant une invitation à dîner... La Belle savait qu'à cette heure-ci, le lit de l'hôte serait forcément partagé.
Il y avait Edwige de La Croix, pour ne pas la citer, qui vivait sur mon itinéraire, jusqu'à la rue Coupeau, où j'avais élu domicile. Elle venait souvent chez moi et moi chez elle. Une grande amitié était née, entre nous. Nous nous aimions d'un amour singulier qui ne nous aliénait aux sentiments communs cultivés par cet amour. Elle aimait tout ce que j'aimais et il en était de même pour moi. Une réciprocité nous maintenait ensemble ; j'étais un autre ! Un dandy du XIX° siècle chez qui elle retrouvait cette époque où elle eût voulu vivre, elle aussi. Nous étudions une matière commune le Grec ancien en TD. Inscrite en Histoire de l'Art, elle se plaisaît à disputer de thèmes antiques avec moi. Les auteurs grécolatins étaient le sujet de prédilection de nos conversations. C'était le mardi qu'elle prenait place auprès de moi, s'asseyant tout contre mon épaule, comme pour retrouver la chaleur que mon corps lui prodiguait lorsque nous faisions l'amour. J'avais une dizaine d'années de plus qu'elle, et même plus... Elle était très jolie et très intelligente, comme je les aimais.
Puis, les vicissitudes de l'existence nous ont séparées. Et la vie reprit son cours avec ses lots de tourmente quotidienne : la société !
Jean Canal 3 heures 20 minutes le 18 mars de l'an XIII.
Toulouse 17 mars de l'an XIII.
La pluie tombait finement sur mon visage, sans que je voulusse l'abriter ; et cela pour que les larmes, à cet instant où je songeais à Toi, Odessa, ô mon Odessa, ruissellent à l'instar des gouttes d'eau répandues sur mes joues. Les rares gens qui me croisaient sur le trottoir de Saint-Aubin, ce dimanche, ne soupçonnèrent pas que je pleurais. Je pleurais en pensant d'abord à Toi ; ensuite à moi et enfin à Nous ! Je n'en voudrais aucune autre après Toi ! Non aucune qui pût me rendre aussi heureux que Toi ! Ô mon Odessa ! j'attends ton retour, comme si quelque chose de nouveau allait faire naître cet amour qui s'est éteint. Je deviens d'ores et déjà, indifférent à tout ; n'attachant guère d'importance à cette réalité qui m'ennuie éperdument.
Je voudrais tant déchausser l'anneau qui cercle ton doigt pour purifier tout ton corps et convoler vers une nouvelle et définitive alliance entre toi, ô mon Odessa ! et moi ! Ton doigt qui dans ma main s'est entremêlé aux miens, ô Toi ! Mais je sais, par un ressentiment ineffable, que cette promesse solennelle de t'aimer et surtout n'aimer que Toi, ne tiendra lieu de grâce pour notre Amour ! Nous ne pourrons jamais réaliser ce voeu de bonheur ! Nos âges en sont la cause.
Serva memoria mihi !
Il est une lettre écrite en grec ancien par Saint-jean de Chrysostome que je traduisis en 1990/91 et dont j'ai préservé la copie corrigée par le Maître qui, à l'époque et cela durant sept années consécutives vécues dans la tourmente, m'enseigna le Grec ancien, le Latin, la Rhétorique et la Philosophie.
C'est en revenant du site gallo-romain que la mémoire de cette anecdote me revint, aujourd'hui, alors que je promenais tout mon être sur les ruines du passé :
C'était l'hiver, un messager écrivait à Saint-Jean alors emprisonné pour lui notifier que le froid sévissait dans le pays et que les routes en étaient devenues impraticables. Il annonçait également le Printemps, comme signe de renouveau dans les évènements qui allaient suivre. Moi, à l'endroit où je me trouvais à l'époque, la neige recouvrait toute l'île ; le froid gelait le litre d'huile de table disposé sur mon étagère et, les pieds engoncés dans trois paires de chaussettes, posés sur une couverture à même le sol, je regardais à travers ma fenêtre sans volet le paysage blanc peinturé dans la nuit par l'hiver. Alors, en ces moments grandioses de visions prémonitoires, je vis le Maître apparaître sur un sentier que ses pas traçaient dans la neige.
Je compris alors, comme signe du destin, que la postérité ne m'oublierait pas !
Bachas, ce 14 mars de l'an XIII, 15H 16mn.
L'Amandier.
Et la phase ultime de la vie :
le seul Amour que j'aie au monde se nomme :
Liberté !
Je suis revenu chez moi, hier, 5 mars. L'amandier était en fleur, sous un ciel gris à vous donner le vague à l'âme. La ville que je redécouvrais m'avait révélé l'attachement que j'avais pour elle. Une certaine nostalgie ; une espèce de passion à son égard. Je l'aimais toujours. C'était là mon malheur ! l'Amour !
Il est une anecdote que j'ai oubliée d'évoquer, lorsque je suis revenu, ici, chez moi, au village. En partant, l'amandier qui se trouve au jardin du Sud, avait éclos une fleur. Et quand je suis revenu, la fleur était toujours là, ouverte de ses pétales blancs qui s'offraient aux rayons du soleil. J'ai reconnu là un signe pour nous deux et j'ai voulu y voir des jours heureux.
l'Amour est-il un pressentiment ?
Voici la lettre qui fut jointe aux douze ouvrages de Jean Canal, acheminés par voie de chemin de fer de Kiev à Odessa par la Belle Héléna. Les ouvrages seront déposés ainsi que la lettre à la bibliothèque de Odessa. Pour que les écrits restent et que les paroles perdurent...
Mercredi 27 février 2013.
12H 44MN.
J'ai la nostalgie de Toi !
Je me sens mourir, ne me rattachant à aucun élément de salut qui pût me sauver.
Il me faudrait pourtant aller à Odessa !
Pour voir, sentir, rêver et mourir enfin ; loin de la terre natale, à l'abri du regard.
Je ne vieillirai pas ; je me le suis juré.
Avec ou sans Toi !
Odessa ! Odessa ! Odessa !
Je t'appelle....................................................................................sans fin.
12 H 23 Mn.
Mon Amour, je suis rentré chez moi. La neige était encore sur les toits ; les feux des cheminées du village fumaient et le froid tendait à s'éloigner de la journée. J'éprouvais une certaine nostalgie, lorsque je franchis les marches de bois d emon vieil escalier. La porte de ma chambre étant fermée à clef, je l'ouvrit sans hâte, comme si je pressentais que rien n'avait réellement changé, durant mon départ ! La vie était alors soudainement synonyme de détresse et d'ennui.
Je partirai ! Je me le suis juré !
Adieu pour un jour... car je ne rêve d'aucune autre...
Je fais une digression romanesque entre l'écrit du roman et ce tableau qui dépeint, en quelque sorte, mon quotidien, emputé des moments que je tiens à réserver pour d'autres écrits. Apaisé, loin des turpitudes urbaines que les gens provoquent, je sens monter en moi de proches départs pour l'Ukraine. Odessa où je terminerai volontiers ma vie, dans les quartiers pauvres du centre historique : une chambre avec mes livres, le portrait de Marguerite et quelques petits objets de famille... Voilà ma vie ! Je passerai le restant de mon existence à écrire sur Toi, ô Amour !
Je suis levé.
Dehors le froid de la nuit se dissipe doucettement.
La gelée résiste encore aux premiers rayons de soleil pourtant chauds.
Tout me semble si paisible,
comme si nous venions de faire l'amour, sans soucis,
sans songer aux autres ;
d'ailleurs, pour quelle raison devrions-nous nous inquiéter du sort de la terre entière ?!
Je suis seul et je suis heureux !
Parce que je pense à Toi !
Ô Amour !
La nuit est obscure à cette heure-ci,
plongeant son immense torpeur dans l'absolue silence.
Pas un bruit de fond ne vient troubler cet éveil matinal ; puisqu'il est 4 heures.
Le thé que je viens de me préparer refroidit dans le bol.
Ma première pensée est pour Toi,
Ô Femme singulière !
Comme une fée tu viens te glisser dans mes rêves...
Je t'imagine alors, nue, blottie contre mon corps ;
caressant mes cheveux défaits.
Il me suffit de fermer les yeux pour t'imaginer
et de les rouvrir pour te voir devant moi.
Je nous revois souvent, Toi et moi,
lorsque au marché tu me pris le bras.
C'est la plus émouvante scène de notre rencontre.
Mardi 26 février 2013.
Ce soir, j'ai longuement regardé le ciel, contemplant le coucher de la lumière du jour qui lentemnt déclinait, annonçant des journées plus chaudes et plus longues ;
la lueur qui se confondait avec le crépuscule semblait s'endormir ;
un peu comme Toi, quand tu fermes les yeux.
Je suis enfin seul !
Amour !
Y'a t-il un autre dénominatif que je puisse te donner en t'appelant
Amour !?
Je ne suis ni chez moi, ni là où je me trouvais hier soir et la nuit dernière.
Je ne t'en parlerai pas ; car il n'y a rien de sérieux...
Je voudrais partir, très loin, en Ukraine ;
descendre les escaliers d'Odessa, moi aussi.
Demain, je regagnerai ma vilégiature officielle, où persone ne m'attend,
où le silence me ramènera auprès de Toi !
Je vais donc recouvrer cet univers que je me suis créé.
Un espace immense où je me promène entre passé et présent,
sans ne jamais songer à l'avenir.
Il faut toujours éviter de penser au futur :
que ce soit en amour ou bien pour d'autres raisons que l'on se chercherait
pour justifier qu'on y pense...
Je garderai longtemps ton souvenir gravé au fond de mon coeur.
Depuis ton départ, le croirais-tu, j'ai passé mes journées avec des femmes, les unes aussi jolies que les autres ;
mais aucune ardeur ne s'est manifestée en moi pour les étreindre ;
je me demandais même à quoi cela servirait-il de me mettre au lit avec elles !?
Je songeais à Toi !
Jolis yeux !
Doux cheveux !
Regard perçant des oiseaux de proie !
Lèvres dessinées au crayon à la mine fine !
Voilà ! Je suis à nouveau marqué ! estampillé !
Livré au souvenir.
Vois-tu, le monde dans lequel je vis n'est point le mien !
Celui auquel j'aspire n'existe pas, n'existe plus ou peut-être n'a-t-il jamais véritablement existé ; si ce n'est que dans le fruit de mon imagination...
Je suis toujours emprisonné de la ville où les quelques rencontres que j'ai faites,
au cours de ce séjour qui prendra fin demain, ne m'ont point enrichi,
si ce n'est en m'apprenant ce que je sais déjà ! révélant ainsi,
une certaine monotonie chez des êtres normaux.
Sans Toi, je finirai seul !
Seul à écrire sur Toi ! Pour Toi !
Tarkovsky donne une définition proche de l'idée que je me fais du monde :
c'est en soi réconfortant !
Le roman avance suivant une écriture insufflée par ton souvenir qui est désormais omniprésent, m'habitant, au moindre regard que je porte sur les choses.
Aussi,
je t'apprendrai à jeter ton regard plus loin que le présent ;
au-delà de ce que l'on te montre pour t'aveugler,
ô mon Amour !
Loin dans les rêves ! Aussi loin si ce n'est plus que là où je révasse...
Mes rêves à moi où nous nous rejoignons.
Loin de ce monde factice dans lequel tu te meus !
Tu découvriras la vraie vision du monde et alors tu trouveras les autres pauvres dans leurs mesquineries quotidiennes, leur attachement à des choses futiles,
leurs mensonges, leur avarice de l'amour.
Ô Amour !
Je suis toujours là-bas, moi, avec ou bien sans Toi ; j'y suis ; le plus souvent seul !
Mais j'y vis ! J'habite l'aillleurs, les lieux vierges de la vie !
Je voyage dans ton coeur ; tu le sais bien, puisque tu m'appelles continuemment.
Il faut dire que je n'avais plus de thème pour écrire, hormis quelques Brèves... jetées sur le papier, sans goût ! Tu m'as redonné l'opportunité de rédiger un roman d'Amour ; il me fallait un sujet : Toi !
Je gravirais une à une les marches du long escalier d'Odessa ! Et ce sera également le prénom que je donnerai à l'enfant qui viendra ; puisque ce sera une fille...
Je savais qu'une enfant naitraît un jour d'une union insolite. J'ai même toujours su que ce choix ne m'incombait point mais relevait des rencontres que la destinée organise pour des êtres comme nous.
Nous ne faisons qu'un, Amour !
Mon Bel Amour, je viens d'avoir une idée lumineuse qui, dans le courant de la nuit, à traversé mon esprit en y déposant toute la trame du Roman que j'ai donc été obligé de commencer... Je te le dis, Ô mon bel et très bel Amour, il sera comme Nous : Pur !
j'ai déjà écrit cinq pages lues et relues que je laisse mijôter pour une autre lecture corrective.
Je ne peux, hélas ! t'en livrer le contenu que tu auras sur ta boîte email...
Tout ce que je peux dire, ici, sur ce tableau d'écrits publics, c'est que l'idée m'est venue en songeant à une situation relative à nous deux, l'un loin de l'autre :
Toi à Odessa et moi en France ; car tu es en ce moment même au bord de la Mer noire...
Voici ce que je nous ai découvert ; si tu aimes,
alors notre Amour est sauvé au-delà de la postérité comme un conte d'enfant.
Tu verras comme ce sera enfin beau !
J'ai le titre du roman dont tu soupçonnais l'intitulé, bien sûr :
"Odessa, mon Amour."
Ô mon Amour je pleure de bonheur en regardant ce film où tu apparaîs !
Non ! Je sais qu'aucune autre femme ne m'intéresse !
Et qu'aucune désormais ne m'apparaitra comme avant !
Mon regard vient de s'épurer...
Il n'a que Toi en toile de fond !
Une espèce d'image animée qui défile au moindre souvenir.
La scène est toujours la même ;
quand bien même aurait-elle des tendances répétitives :
Tu es là !
Je prie pour que les femmes se détournent de moi à jamais !
Qu'elles me repoussent !
Mon Bel Amour. Je ne peux plus m'empêcher de penser à Toi ; il est tard et ton image me revient. Aussi loin sois-tu, je te revoie telle que je t'ai quittée ! je me dis alors que je ne pourrai en aimer une autre. Il suffira de poser les yeux sur elle pour y chercher un peu de Toi ! En vain, je ne te retrouverai jamais, ô mon Odessa !
Il est bientôt minuit de ce 23 février 2013 et tu me reviens. Nous passerons la nuit ensemble ; je le sais, je le sens. Je n'éprouve aucun malheur, aucune tristesse ; car le peu que tu m'as donné finit par combler tout l'amour qui t'est destiné.
Mon dieu, mon Amour ! Mon Dieu ! Je t'aime !
Tu es la seule à qui je pense, lorsque tu as disparu de ma vue !
La seule qui m'apparraisse loin de mon coeur !
Tu es là, Amour ! Là, présente en moi !
Veux-tu que je te dise quel est ce qui en Toi m'a séduit, vendredi... c'est lorsque tu m'as pris par le bras, en plein milieu de ce marché, dans le froid ;
collant tes seins contre mon corps pour t'y blottir, t'y protéger !
Je te donne tout mon Amour, ô mon Amour !
Je suis à Toi !
Je me rends compte de la stupidité de vouloir séduire d'autres femmes
qui ne pourront jamais rivaliser avec Toi !
Ô mon unique !
Odessa ! Odessa ! Odessa !
J'écris maintenant notre histoire.
Et je me demande si elle sera un jour terminée.
il me suffit de fermer les yeux pour te voir !
Sais-tu pourquoi je t'aime ?
Pour qu'elle raison mon coeur bat au même rythme que le tien ?!
Moi seul en connais la raison !
Il t'appartient, ô mon Amour, d'en demander le sens.