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Ne touchez pas à nos arabes !

Publié le par Jcpress

"Ne touchez pas à nos arabes !"

Visa III 007Je reprends, ici, une partie de l'article que j'ai rédigé dans les blogs du Diplo, ce jour, 22 avril.

 

 

 A mon époque, c’est-à-dire vers la fin des années soixante, lorsque j’étais à l'école primaire, au CM1 notamment, il y avait un seul enfant d’immigré : Kader ; algérien de surcroît, fils d’une famille installée dans des baraquements insalubres où ils vivaient tous confinés entre eux, se protégeant des animosités des Pieds Noirs, arrivés en masse, en 1962 et des racistes primaires qui émergeaient lentement dans une société où, pourtant, la main d’œuvre bon marché était exploitée par ceux-là mêmes qui les critiquaient...

Nous sommes donc en 1967, sous le régime du Général de Gaulle qui se produisait sur le petit écran, en noir et blanc. Au cours d'interminables conférences de presse organisées au Palais de l’Élysée, le Général répondait aux questions des journalistes internationaux sur l'état de la France !

L’école de Jules Ferry, celle de la troisième République, était de rigueur sous toutes ses formes institutionnelles ; les filles étaient séparées de l'école des garçons, parfois par un mur qui nous permettait de les entendre crier, à la récréation ; nous écrivions à la plume Sergent Major (je rédige toujours mes écrits intimes dans cette forme épistolaire, sans soucis d'application en essayant, comme autrefois, de dessiner les pleins et les déliés) ; le Maître procède au mélange de l’encre dans une bouteille préposée à cet usage ; ensuite, il nous la verse dans l’encrier enchâssé dans nos bureaux de bois ; la gomme à encre est proscrite de la correction et les pattés sur les pages sont punissables de sanctions grammaticales formulées par des rédactions rébarbatives : cent fois le même verbe à recopier aux quatre temps de la conjugaison : je ne parlerai plus en classe.. !

Je porte alors une blouse obligatoire ; et le matin, c'est en rang que nous nous acheminons vers la classe, en silence. Les plus sages et les plus assidus, ceux qui sont bien notés, sont placés devant le bureau du Maître. Moi, je suis à peine au troisième rang ; Kader, lui, le fils d’immigré, aux cheveux crépus, le teint de peau basané, est placé au fond de la classe. C’est lui qui reçoit le plus de coups de règle et c’est encore lui que l’on retrouve au coin. De bons points, nenni ! Quant aux images que l'on délivre après avoir cumulé dix points.., elles relèvent de son imagination... qui doit fructifier selon sa capacité à accepter la différence ! Les notes ne sont même pas pour lui ; il est inclassable, de l'avis général de l'Administration scolaire. C’est le cancre, par excellence ! Le bouc émissaire de l’école française directement hérité du Maréchal nous voilà ! Comment a-t-on pu dévaloriser une population, l'humilier, en l’affublant de sobriquets tels que bougnoule, bicot, rebeu et beur ! Pourquoi tant de mépris ?! De haine ! Personne était choqué, à l’école, du traitement réservé à cet enfant qui a fini, effectivement, ô Société idéale !, dans les geôles les plus sordides des prisons de France. Alors si demain des bombes explosent dans les métros et les gares, si un malade sort son arme pour tirer dans la foule au hasard croirait-on volontiers comme eût dit Breton.., attribuant cet incident à une démence, fauchant aussi quelques musulmans pacifiques, quelques rares innocents et aussi de véritables croyants (vous savez, ceux qui ont la foi en leur prochain... Ceux qui parlent à Dieu !) Eh bien ! posez-vous les bonnes questions et sans aucun doute vous aurez la réponse...si vous réchappez à votre triste sort...

 

Lors de la remise des prix de fin d'année, cérémonie qui consistait à récompenser les élèves méritoires.., je reçus le prix de l'amitié... C'était le monde des enfants qui croyaient que tout était beau et que les adultes n'étaient pas méchants...

En ayant repris ce texte dont je ferai une nouvelle, en dépit d'en extraire une Brève, j'ai une formule qui sur les bouts des lèvres veut exprimer sa Révolte ; je vous la livre, tel que l'inspiration me vient :

"Société, je t'encule !"

Jean Canal.

 

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L
<br /> <br /> <br /> <br /> lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news<br /> <br /> <br /> En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de<br /> Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du<br /> village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions<br /> hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un<br /> seul aujourd'hui se décide à parler.<br /> <br /> <br /> 35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser<br /> le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.<br /> <br /> <br /> Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de<br /> ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi<br /> joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)<br /> Interview du 26 mars 2012 sur<br /> radio-alpes.net<br />
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