Machin
1984. Un titre qui se révèle avec l'usure du temps, confirmant la vision prémonitoire de son auteur dont l’œuvre fut l'emblème des méthodes contemporaines destinées à la surveillance par le procédé de caméras vidéos, placées dans les agglomérations. Les étudiants en firent une lecture incontournable des programmes culturels des universités de Science sociale. Il en découle une paranoïa collective qui finit par instaurer un régime de haute surveillance, fonctionnant à des fins sécuritaires, d'abord, puis utilisé pour des investigations judiciaires à l'égard de toutes personnes pouvant présenter des comportements susceptibles de porter atteinte à l'ordre établi. En effet, en invoquant, comme mesure de sécurité, la protection des citoyens, dans un soucis de repérer les contrevenants capables de commettre des forfaits, ou/et perpétrer des actes délictueux, au demeurant perturber la vie sociale, en portant préjudice à la citoyenneté tout entière, les autorités compétentes reconnues comme telles par les hauts dignitaires de la ville, l'idylle du village en tête, responsabilisent leur fonction, au nom des institutions qui leur délèguent le pouvoir d'agir pour les valeurs de la République ! Ainsi exonérées d'une éventuelle erreur, bavure en terme policier, les autorités des villes protègent leur statut et de facto le pérennisent !
Dans l'histoire de l'anticipation littéraire, on s'était plutôt exercé dans des styles imaginés dans le monde de la science fiction classique. Foisonnant dans son genre décliné dans tous les thèmes y correspondant, cette littérature-ci avait fini par conquérir les inconditionnels lecteurs de Jules Vernes ; lesquels, en dépit d'autres volumes du père de «Vingt milles lieux sous les mers» transitaient, sans grand enthousiasme, vers cette option de lecture très imaginative.
La deuxième partie du XX° siècle s'y prêtait par les découvertes spatiales des soviétiques en avance sur l'horaire fixé par les Américains qui accusaient un léger retard sur ce rendez-vous manqué. Les Soviets les avaient coiffés au poteau avec la mise en orbite de Spoutnik 1 en 1957 !
En fait, la date de Nineteen Eighty-Four ne trouva son réel dénouement qu'à la fin du XX° siècle, quand les civilisations occidentales commencèrent à s'inquiéter sur leur patrimoine mis en danger par des populations reconnues à risque, hypothétiquement confinées dans les banlieues, où la loi de la République ne prévalait guère, au grand dam de la police exacerbée par une impunité permanente ! C'est durant ces dernières décennies que les milieux intellectuels prirent conscience du véritable danger de propager une fausse sensation d'insécurité planétaire fût-elle, axée sur le comportement d'une tierce population désignée intentionnellement comme responsable du malheur des autres ! Au regard du grand public, victimisé pour l'occurrence, les zones de non droit ont contribué à jeter l'anathème sur ceux qui régnaient en chefs de files, hors la loi, dans ces espaces aux accès impénétrables. Remplir les prisons en entassant les détenus, représenta un danger qui se confirmera quelques années plus tard, quand la démographie exponentielle des villes se transformera en zones interdites !
Sortant de l'analyse de l'auteur de ce titre, il aurait été, effectivement, incongru de récupérer cette date pour rédiger une histoire exploitant celle de Georges Orwell à qui les honneurs reviennent tout de droit ! C'eût été une atteinte portée au génie de la littérature d'anticipation, s'entend, si un tiers l'utilisait à des fins personnelles, arguant une quelconque reconnaissance post-mortem dudit auteur auquel un emprunt mineur de style eût été exploité à mauvais escient. S'arroger un titre ou ne fût-ce qu'une ligne d'écriture d'un écrivain revient à spolier l’œuvre entière de l'auteur, violer son âme et de fait se reconnaître coupable de haute trahison envers les Lettres ! S'en inspirer demeure également un forfait punissable de châtiment de l'esprit, tombant dans la copie-conforme à la Lettre. «Truismes» en est l'exemple typique de « Métamorphose » de Kafka ! Le jugement intellectuel en dégagera correctement un point de vue qui alimentera les polémiques journalistiques versées en ce type de réaction. La Maison d’Édition alléguera que l'inspiration issue de lectures, quelles qu'elles soient, tend à influencer l'auteur, sujet à en soustraire une quelconque inspiration, lequel s'adonne à des compositions littéraires perpétuellement imparfaites ! Un tel pavé éclabousse forcément tous les riverains qui se trouvent accostés au genre, comme un grappin sur les rochers d'un territoire désertique : enseignants d'abord, journalistes ensuite et enfin ceux qui tirent un profit direct de la publication ! Les critiques littéraires, elles, vouées à détruire pour reconstruire selon les tendance du temps, donneront le ton définitif à adopter pour considérer tels ou tels ouvrages. Dans la littérature comparée, les universitaires seuls exégètes à pouvoir en disséquer le fond, ne rencontreront aucune difficulté à en démontrer les sources d'inspiration. Le plagia, soutiennent d'aucuns versés en la littérature, est une forme de style acceptée par les grands érudits de cette matière. Il ne faut point froisser le professorat qui rabâche depuis des décennies les mêmes inepties à des têtes bien faites selon les besoins de l'occurrence !